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[Histoire longue] Le lit le plus proche

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Message par Kafka Tamura Mer 3 Oct 2012 - 23:05

Titre: Le lit le plus proche
Genre: Supernatural, drama, un peu angst en fait, et romance yaoi
Rating: M pour mentions de lemons (sans lemons donc) et certains jurons/insultes
Personnages: Nathan et Alex, mes tous nouveaux OC que j'adore! Apparition d'une certaine Sarah, plus tard.
Disclaimer: Tous mes personnages, mon histoire et mes mots m'appartiennent (ah, ce que j'aime pouvoir le préciser! ^^)
Note: Alors, enfin, cette chose voit le jour sur le net! Ça fait un très long moment que j'ai commencé à l'écrire. Je pensais en faire un OS, seulement, il était trop long! Donc j'ai décidé d'en faire une histoire longue, dont les chapitres seront entre 2'000 et 3'000 mots (comme ce chapitre, donc). J'ai de l'avance dans mes chapitres, mais je risque quand même de tarder un peu, j'aimerais si possible me laisser le temps d'en écrire d'autres avant d'épuiser ma réserve. Sur ce, je vous laisse lire~! N'hésitez pas à commenter ici, si l'envie vous en prend!

J'ai vingt ans. C'est l'âge où on a acquis juste assez de maturité pour savoir assumer les conneries qu'on ne s'empêche pas de faire. C'est l'âge où on profite réellement de la vie pour ce qu'elle nous offre. On peut découcher quand ça nous chante, boire jusqu'à plus soif et jusqu'à vomir sans aucune culpabilité ni aucun sentiment d'interdit. On peut veiller la nuit sans craindre que les parents nous surprennent, pour mieux se traiter d'imbécile le lendemain quand, devant un cours ennuyeux, un café n'est plus suffisant pour pallier la nuit manquée.

C'est l'âge où on s'est suffisamment trouvé pour ne plus souffrir de la crise d'adolescence sans s'être pour autant complètement défini. C'est l'âge des stupidités les plus grandioses, les plus naïves aussi en quelque sorte. Passé l'âge des premières expériences, c'est celle des expériences nouvelles qui prend le pas.

Vingt ans, c'est le moment où on se sait pleinement adulte, mais où la réalité du monde n'a pas encore tout à fait prise. C'est l'âge des grands projets de vie, des trois millions d'activités en parallèle – mieux vaut trop que pas assez. L'âge où la vie, on sait ce que c'est : c'est le plaisir, les études plus ou moins sérieuses et surtout, surtout, l'amour.

J'ai vingt ans et je suis dans cette époque de ma vie que plusieurs qualifient de summum de la belle vie : l'université. Sans aller jusqu'à me foutre de mes notes, je ne fais que le strict minimum pour m'assurer un emploi plus tard – ceci étant un terme plus qu'indéfini dans mon cerveau. L'université est un genre de bulle où, pour se préparer au marché du travail, on fait tout sauf ce que le travail implique réellement, c'est-à-dire sortir presque tous les soirs pour se souler et passer des nuits blanches pour finir les travaux à la dernière seconde.

J'ai tout pour être heureux. J'aurais tout pour être heureux.

C'était une journée comme les autres. Pourtant, en ce moment même, je tiens le corps ensanglanté de mon meilleur ami dans mes bras. Un corps qui bouge trop peu, qui va même jusqu'à se refroidir insidieusement. Son visage est complètement figé dans une expression d'horreur.

La seule pensée que je peux avoir en ce moment est stupide : ma journée est gâchée. On était censé allé au cinéma voir un film d'action avec de grosses ficelles pour s'en moquer. Après, on aurait été mangé un hamburger avec des frites et lui, le sourire malicieux aux lèvres, m'aurait piqué une frite. Je me serais fâché contre lui avant de faire de même en riant. On aurait fini par piger dans nos assiettes comme bon nous semble et il en aurait mangé un peu plus que moi, comme toujours.

On était censé se souler d'aplomb dans un bar et revenir passer trois heures du matin, en gueulant, chantant et riant beaucoup trop fort au gout des voisins. On serait revenu à l'appartement qu'on partage depuis plus d'un an, et on se serait couché dans mon lit – il est plus proche de l'entrée –, sans se poser de questions parce que de toute façon, on se connait depuis le primaire. On aurait dormi dans des positions pas possibles, tout en se chamaillant parce qu'on est tous les deux des dormeurs excessivement actifs.

On était censé se réveiller le lendemain. J'aurais ouvert les yeux avec difficulté et un mal de tête épouvantable qu'il aurait partagé m'aurait empêché de me lever. On se serait regardé, tous deux vaguement habillés, et on aurait ri plus fort que notre propre mal de tête à voir la gueule épouvantable de l'autre. Je me serais ensuite permis de l'observer alors qu'il se serait massé le crâne pour tenter vainement d'atténuer la douleur. J'aurais réalisé une fois de plus qu'il est excessivement beau quand il vient de se réveiller et j'aurais rêvé d'un monde où j'aurais pu passer ma main dans ses cheveux et poser mes lèvres sur les siennes.

On aurait ensuite bu un café avec beaucoup de lait et beaucoup de sucre, ainsi qu'un comprimé contre le mal de tête. Puis on serait allé ensemble à l'université, où toutes nos connaissances auraient une fois de plus blagué sur notre relation ambigüe. J'aurais tout nié en bloc alors qu'il se serait contenté de sourire et de laisser les autres croire ce qu'ils voulaient. Il a toujours aimé mystifier les gens pour son plus grand plaisir, moi y compris.

Tout cela était censé arriver et voilà que tout était annulé. Il a traversé sur la rouge, comme toujours, mais cette fois, cette unique fois, il s'est fait frapper. Lui qui a toujours eu l'habitude de traverser sans faire attention, lui que j'ai chicané de nombreuses fois pour qu'il suive le code de la route, lui qui a toujours été trop con pour m'écouter, lui qui n'en a toujours fait qu'à sa tête. Lui qui n'a pas fait plus attention qu'à l'habitude. Il a toujours su que c'était dangereux, mais n'a jamais été fichu de faire attention – t'inquiètes qu'il me dit, je gère. Il ne gère plus du tout là. Si ce n'était pas aussi grave, je lui dirais qu'il l'a bien mérité.

J'entends l'ambulance – quelqu'un a appelé les secours, pas moi. Je n'y ai jamais pensé. Ça devrait être intuitif, mais avec son corps dans mes bras ça m'a complètement passé par dessus la tête. J'espère, mon dieu, que ce n'est pas trop tard, mais il a perdu connaissance depuis trop longtemps. On me l'enlève des bras et soudain je me dis, ça y est, il est vraiment mort, il ne s'en sortira pas.

J'entre dans l'ambulance et le médecin me demande si je vais bien. Je bafouille quelque chose qui ressemble à un oui – tu parles d'une question à poser, mon meilleur ami est en train de mourir je te signale. Il ne me dit rien de plus pour tout le trajet et je suis laissé seul avec moi-même et Nathan dont le visage est caché par un masque à oxygène. Je me ronge les ongles jusqu'au sang pendant que les nids de poule se multiplient sous les roues de notre transport.

Quand on arrive enfin à l'hôpital, je suis emprisonné loin de lui, en dehors de la pièce des soins intensifs. Je sens instinctivement que son heure est arrivée et je m'assois sur le banc. Ma tête tombe entre mes mains, un soupir désespéré sort de ma bouche. J'aimerais plus que jamais être devant ce film niais que nous devions regarder. J'aurais louché vers lui sans qu'il le remarque, pour le détailler l'une des rares fois où la lumière aurait été assez forte pour bien me le montrer. J'aurais réalisé une fois de plus à quel point il me plait, à quel point je l'aime comme un débile depuis trop longtemps déjà.

- Alex, je te parle!

Je lève la tête : Nathan se tient dans les airs, se balançant et tournant comme le chat de Cheshire – c'était son personnage favori d'Alice au pays des merveilles d'ailleurs, tandis que moi je préférais le Chapelier fou. Il a toujours ce même sourire qui le définissait en entier.

- Nat... qu'est-ce que tu fous là?

Étrangement, même si c'est une hallucination, ça me rassure un peu de lui parler comme ça.

- Le paradis, c'est un peu nul comme place, alors j'ai décidé de venir te dire un petit coucou!

- C'est gentil de ta part, que je lui rétorque, de mauvaise foi.

- Ne fais pas cette tête!

Je lui renvoie un regard ennuyé – je n'ai pas vraiment le choix de ma tête en ce moment. Il me sourit de plus belle et rajoute :

- Allez, fais-moi un petit sourire!

Je secoue la tête et décide de l'ignorer pendant un moment. Cependant, je réalise soudain quelque chose et lui demande :

- Est-ce que tu es vraiment mort?

- Peut-être, qu'il me fait en tournant sur lui-même, avec ce ton moqueur que je lui connais trop bien.

- Peu importe, que je murmure pour moi-même, tu n'es qu'une hallucination de toute façon. Ce n'est pas comme si tu pouvais le savoir.

- Qu'est-ce qui te dit que j'en suis réellement une?

Il me fixe et son sourire est presque disparu. Je reste interloqué pendant une seconde avant de répondre, avec un rire nerveux :

- Je te rappelle que tu es entre la vie et la mort, derrière cette porte!

- Justement. Je pourrais être un fantôme... tu n'y as pas pensé?

Surpris, je lui demande du tac au tac :

- Tu en es un?

- Peut-être, qu'il fait en tournant encore, le sourire de nouveau étiré jusqu'aux oreilles.

Je soupire lourdement et lance sur un ton énervé :

- Ce que tu es con!

- Mais tu m'aimes comme ça, je me trompe?

Une boule se forme soudain dans ma gorge et c'est la voix tremblante que je parviens à lui répondre :

- Oui.

- Je l'ai toujours su. Que tu m'aimes, je veux dire.

Je le fixe avec surprise – il arrive encore à me surprendre, même s'il est une hallucination. C'est... hallucinant.

- Comment tu l'as su?

- Tu me dévorais du regard. J'aurais dû être aveugle pour ne rien voir, et encore...

- Tu mens! Je me suis toujours bien caché!

Il penche la tête sur le côté et réfléchit quelques secondes avant de dire :

- Si je te disais que je te regardais pareil?

Encore à parler en question! Il n'arrive jamais à dire exactement ce qu'il pense, il faut toujours qu'il tourne en rond. Je devrais féliciter mon inconscient d'avoir su le garder si fidèle à lui-même.

- Tu m'aimes?

- Peut-être, qu'il me rétorque, cette fois d'un air vaguement sérieux.

- Peut-être, que j'éclate de colère! C'est oui ou c'est non, Nat, pas entre les deux!

- J'imagine que ce n'est pas normal de vouloir coucher avec son meilleur ami, avoue-t-il avec un petit sourire. Ni de vouloir l'embrasser d'ailleurs, ou de vouloir dire à tout le monde qu'il lui appartient...

- Pourquoi tu n'as rien fait, alors?

C'est le regret qui me fait parler ainsi – le regret de ne lui avoir rien dit. Je n'attends pas de vraie réponse en fait, j'espère juste qu'il me dira que c'était faux.

- Je me disais que tu ne t'assumais pas ou que je voyais peut-être ce que je voulais voir. J'hésitais.

Maintenant je sais que c'est une hallucination. Le vrai Nathan n'hésitait jamais. Même si c'était le cas, il ne l'avouerait pas aussi facilement. Je détourne le regard et retourne à mes sombres pensées.

~xxx~

Je fixe le plafond. Sur mon lit, couché sur le dos, je regarde les taches qui l'ornent et les compte. Avec Nathan, on avait l'habitude de faire ça, quand on avait trop bu. Moi je comptais et lui me mélangeait en sortant des chiffres sans aucun rapport. Je me fâchais et lui se contentait de rire. Je finissais toujours par le rejoindre dans ses éclats.

- Un, que j'entame à voix haute, deux, trois...

- Six.

- Sept, que je continue sans vraiment m'en rendre compte.

Je me relève en sursaut et trouve le Nathan de Cheshire perché sur ma bibliothèque. Il me sourit de toutes ses dents, un air victorieux imprimé sur le visage. Je me fâcherais, si je n'étais pas en même temps aussi content de le voir. Je lui souris moi aussi, bien que je dois avoir l'air triste quand même. Je n'oublie pas ce qu'il est advenu du vrai Nathan.

- Alex, tu sais à quoi je pense?

- Non, que je lui réponds comme à l'habitude.

- Qu'il serait vraiment temps de repeindre ce fichu plafond. On s'était rendu à vingt la dernière fois, non?

J'éclate de rire, mais arrête rapidement quand je me rends compte que des larmes coulent sur mes joues. Je suis vraiment en train de péter un câble. J'imagine mon meilleur ami me faire les mêmes blagues qu'à l'accoutumée. C'est passé loin la tristesse, c'est carrément de la démence!

- Alex, ne pleure pas. Je suis là.

- Tu parles, que je lui rétorque entre deux sanglots. Tu n'es qu'une hallucination.

- Peut-être, qu'il fait en quittant enfin son juchoir et en s'approchant de moi, mais je peux faire ça!

Sur ces mots, il pose ses doigts sur mes joues et les essuie. Je le laisse faire sans vraiment y croire, plonge mon regard dans ses yeux noisette – j'ai toujours adoré le doré qui s'y cache, entre l'émeraude qui domine et le brun qui l'entoure.

- Dis, Alex... si je t'avais embrassé, comment tu aurais réagi?

- Que... qu'est-ce que tu dis, que je bafouille?

- Si je t'avais embrassé, un de ces nombreux matins après qu'on se soit soulé, alors que tu étais beaucoup trop mignon à te tenir la tête parce que tu avais mal, comment tu aurais réagi?

Je suis encore une fois confronté à la preuve qu'il s'agit de mon inconscient. C'est moi qui imaginais l'embrasser dans ces moments-là, pas lui. Je lui souris donc et réponds :

- J'aurais répondu, évidemment!

- Dans ce cas...

Sur ces mots, il se penche sur mon visage et pose ses lèvres sur les miennes. Je ne suis pas vraiment surpris de constater qu'elles sont chaudes. J’entrouvre les lèvres et faufile ma langue dans sa bouche – autant en profiter, même s'il n'est pas réel; ce n'est pas comme si je pouvais avoir la chance avec le vrai.

Je le repousse rapidement et le regarde. Nathan, mon Nathan. Ce petit monstre, dont la taquinerie n'a aucune limite, m'aurait aimé et me l'aurait caché? Étonnamment, la possibilité ne m'apparait pas si improbable. Seulement, je doute qu'il l'aurait fait par hésitation. Pour jouer avec moi et les autres, peut-être, par contre. Je n'ai jamais tout à fait saisi ce qui se passait dans sa tête. Je sais juste qu'il adorait jouer avec l'incompréhension des autres. Depuis le temps, j'ai appris à lire la véritable joie derrière ce sourire taquin.

Sourire qu'il me fait justement. Je le lui rends sans vraiment le vouloir – c'est contagieux, cette bestiole-là. Je décide finalement de me recoucher sur le lit et ferme les yeux. Je sens que mon Nathan imaginaire fait de même et se colle à moi. Je souris sans ouvrir les yeux et le prends finalement dans mes bras. Il est chaud, il a un poids, comme le vrai. Cette seule pensée me donne envie de pleurer.

~xxx~

Je reviens tout juste des funérailles. Nathan bis a regardé l'enterrement avec moi. Il m'a regardé pleurer sans rien dire, sans sourire non plus. Je crois qu'il était surtout ébranlé. J'avoue que de voir son propre cercueil a de quoi être troublant – même si je sais qu'il n'est pas un fantôme.

Je suis à l'appartement. Notre appartement. Nous étions colocataires parce que ça coutait moins cher, mais surtout parce que je voulais le voir le plus souvent possible. On était fait pour vivre ensemble. Malgré toutes nos chamailles, tout marchait toujours et on arrivait à s'organiser assez bien. Le ménage n'était jamais nickel, mais au moins les plats sales ne trainaient jamais plus que quelques jours. Généralement c'est moi qui faisais le ménage, mais je ne m'en suis jamais plaint. Le plus souvent, il m'aidait, ou alors il me parlait en même temps.

Sa chambre. C'est la première fois que j'y entre depuis ce jour. Il y a son lit, dans lequel il dormait à peine une nuit sur deux, peut-être moins. S'il n'était pas chez un pote, il squattait mon propre lit, que j'y sois ou pas. Plus proche de la porte, qu'il me donnait comme excuse. Évidemment, je n'ai jamais su me fâcher contre lui – pas sur ce point.

Son oreiller a tout de même gardé son odeur. Celle un peu sucrée que je n'ai jamais réussi à définir. J'y enfouis mon nez et inspire goulument. Je le faisais parfois, avant, quand je savais qu'il n'était pas là. Maintenant, il n'est plus là, du tout.

Les larmes me viennent aux yeux et je les laisse couler sans me retenir. J'ai tellement pleuré, et pourtant des larmes me viennent encore. Le Nathan de mon inconscient flotte autour de moi, ne sachant pas quoi faire. Il tente finalement un geste vers moi, mais je le repousse. Je n'ai pas envie de le revoir, de le sentir. Pas alors que je viens de voir son cadavre.

~xxx~

Trois jours maintenant. Depuis les funérailles. Je n'ai rien fait. Je n'ai pas quitté mon appartement. On m'a appelé, mais je n'ai pas répondu. La seule personne avec qui j'ai eu une conversation, c'est Nathan. Moi-même, tout compte fait.

Nathan... ce qu'il me manque, ce petit démon. J'ai sa copie, mais ce n'est pas pareil. Il me manque son petit côté piquant, son côté que je n'ai jamais saisi et que je ne peux évidemment pas reproduire.

- Alex... je m'ennuie.

- Va jouer ailleurs, que je lui réponds durement.

- Je le ferais bien, ô suprême Alex, mais il se trouve que je suis dans l'impossibilité de ce faire, et ce, parce que je te hante, mon cher!

Je soupire, passe une main dans mes cheveux et rétorque :

- Merde, ne me fait pas chier avec des répliques trop littéraires!

- C'est ainsi que je parle d'habitude. Je ne vois pas ton trouble, compagnon.

- Bien sûr, que je marmonne, et moi je suis la Reine d'Angleterre.

- Mon altesse, s'exclame-t-il sur un ton exagérément surpris? Excusez mon impolitesse, je n'avais aucune idée que vous vous cachiez sous les couverts de mon meilleur ami!

Je souris malgré moi, mais contrairement à avant, je n'arrive pas à entrer dans son jeu :

- Arrête, Nat. Je n'ai pas envie de jouer là.

- Mais je ne joue pas!

- Nathan, que je dis sur un ton ferme en le fixant.

Il me fait finalement une moue et commence à tourner dans le sens des aiguilles d'une montre. Il se retrouve la tête en bas et s'arrête, avant de lancer, sur un coup de tête :

- Sortons!

- Je n'ai pas envie, que je rétorque en me lançant sur mon oreiller. Je veux juste dormir là.

- Ça va te faire du bien, la lumière du soleil!

Je jette un regard au réveil : onze heures du soir.

- Bien sûr, le soleil en pleine nuit, que je lance, totalement blasé.

- Allez, au pire ce sera la lumière de la lune, ça marche ça aussi!

- Je ne veux pas, Nat. Arrête de me taper sur les nerfs!

- Si tu veux, on peut jouer à autre chose aussi...

Sur ces mots, il s'approche de moi et prend place à mes côtés. Je le laisse faire sans bouger. Il pose sa main sur mes cheveux et les flatte pendant un long moment. Je me laisse faire en fermant les yeux. J'aurais aimé que le vrai me fasse la même chose.

- On dirait un chat.

- Tu parles de moi là? Que j'accuse.

- Tout à fait. Miaule pour voir.

- Dans tes rêves!

J'enfouis mon visage dans l'oreiller et sa main voyage plus bas, jusque sur la nuque. J'en frissonne involontairement et j'entends son rire. Je me vexerais si je ne voulais pas à ce point qu'il continue. Je le laisse donc descendre entre mes omoplates et suivre la ligne de ma colonne vertébrale. Lorsqu'il s'en trouve au bas, il me murmure à l'oreille :

- Tu veux que je continue?

Je marmonne quelque chose d'incohérent avant de me laisser bercer par ses caresses de plus en plus sensuelles. Je m'endors pourtant en plein milieu de la session – la fatigue de ces trois derniers jours sans sommeil s'est fait sentir.
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Message par Kafka Tamura Jeu 4 Oct 2012 - 15:15

Une semaine. Le temps passe vite, trop vite. Affreusement lentement aussi. Il se fout de moi, le temps.

Nathan me hante encore. Enfin, disons plutôt que je l'imagine encore. J'ai repris l'université, mais j'y vais sans entrain. On s'inquiète pour moi. Mes amis me demandent si je vais bien. Non, je vais même très mal, mais je ne leur dis rien. Je me contente de sourire.

Je suis dans l'autobus en ce moment même, je regarde par la fenêtre. Je vois le reflet de mon fantôme qui circule parmi les gens, se moque d'eux gentiment – bien qu'ils ne puissent pas lui répondre. Je ne m'en soucie pas et regarde la ville qui s'étend devant moi. Une semaine et rien n'a changé. Tout est affreusement pareil, affreusement morne.

- Alex~!

Je lève le regard vers mon ancien ami qui, tel le chat qu'il a dû être dans une autre vie, est couché en boule, dans les airs. Il me fixe tout de même, dans une position qui me parait d'ailleurs impossible – comme le personnage de Lewis Carroll. Il ajoute sur un ton qui se veut plaintif :

- Alex, parle-moi!

Avec un soupir, je murmure :

- Je suis dans le bus là, on me prendrait pour un fou.

- Mais non, qu'il me rétorque, tu n'as qu'à faire semblant de parler au téléphone!

- Bien sûr, que je continue sur le même ton, je n'ai même pas de portable!

Ce qui est d'ailleurs la vérité. Je sais, je suis un dinosaure.

- Ils ne le savent pas eux! Au pire, mets tes écouteurs, pour faire semblant de parler dedans!

Je secoue la tête sans rien ajouter; je ne veux pas lui parler de toute manière.

- Si tu ne me parles pas, je vais... te chatouiller!

Je relève la tête et lance un peu trop fort à mon gout :

- Non, tout sauf ça!

Parce qu'il faut avouer une chose : je suis extrêmement chatouilleux. Nathan le sait mieux que personne et connait les endroits les plus sensibles de mon corps.

- Mets tes écouteurs, qu'il me susurre en s'approchant de moi, et fais semblant d'avoir un portable.

- D'accord...

Quand il veut quelque chose celui-là! Je m'exécute pendant qu'il s'assoit à la place libre à mes côtés. Je pourrais presque croire que tout est normal.

- Alors, alors, qu'il me dit avec un sourire malicieux, ça fait un moment que je me demande pourquoi tu n'as jamais fait le premier pas...

De tous les sujets de conversation possibles, il choisit celui qui m’embarrasse le plus! Il aurait pu me le demander dans le confort de notre appartement, mais non, il a fallu qu'il me le demande ici. Je vois aussi à son regard qu'il prend littéralement son pied. Si je ne l'aimais pas autant, je lui foutrais mon poing dans la gueule!

Pour l'instant, je rougis fortement et bafouille une réponse :

- Je... je croyais que tu étais hétéro, voilà.

- Bien sûr que je le suis, qu'il s'exclame. Toi aussi d'ailleurs. Je dois te rappeler le nom de toutes les filles avec lesquelles tu es sorti?

On dirait qu'il est... fâché? C'est vrai que je suis sorti avec des filles, mais c'était toujours pour l'oublier. Au final, je n'ai jamais duré très longtemps avec aucune d'elle, même s'il y en a bien une que j'ai vraiment aimée.

- Entre autres, me fait-il avec une grimace, cette Catherine...

- Nat, je sais que tu ne l'as jamais aimé, mais moi je l'aimais.

- C'était une garce. Elle t'a trompé en plus.

Je baisse la tête en signe de défaite. C'est vrai qu'elle m'a trompé, elle m'a dit en plus que c'était parce que je ne lui portais pas assez d'attention. J'ai toujours fait passer Nat avant les autres et ça l'a frustré. Je me souviens même qu'elle m'a dit, mot pour mot : «Si tu l'aimes tellement, pourquoi tu ne sors pas avec lui, au lieu d'avec moi?»

Je n'ai rien pu nier, évidemment. J'aurais tout fait pour sortir avec lui aussi. Je n'ai jamais osé parce que j'ai toujours cru qu'il ne pouvait pas m'aimer et je ne voulais pas briser notre amitié qui m'était si chère.

- Alex, tu es vraiment trop con.

- Pourquoi, que je lui fais sur un ton vexé?

Il se contente de tourner la tête sans me répondre. Il boude maintenant. Au moins, ça veut dire qu'il va arrêter de me parler. Cependant, je suis époustouflé de constater une fois de plus à quel point je ne le comprends pas, même s'il n'est qu'une hallucination.

Le reste du chemin se déroule sans encombre et je débarque près de chez moi. Je marche tout le trajet et entre dans notre petit appartement. Sa vue me rend encore triste. C'était ici que nous nous voyions la plupart de temps, Nat et moi.

Je me lance sur mon lit et enfouis mon visage dans l'oreiller. Je laisse libre cours aux larmes qui coulent. Tous les jours, tous les putains de jours, je pleure pour lui, alors qu'il me regarde, enfin, que mon hallucination me regarde.

- Alex, arrête de pleurer, s'il te plait!

Je lève le regard : Nat se tient pour une fois normalement et me fixe avec tristesse. Je tente un petit sourire qui se transforme en sanglot. Je le sens s'approcher de moi et me prendre dans ses bras.

- Alex, je suis là. Ne pleure pas autant, je t'en prie!

Je trouve assez de force pour lui dire durement :

- Tu n'es pas vraiment là, Nat. Tu es mort, merde! Tu t'attendais à quoi? Que j'allais fêter juste après tes funérailles?

- Non, qu'il me fait d'une petite voix coupable, mais je ne veux pas te voir triste...

Il laisse sa voix mourir. Je n'ajoute rien et me cale un peu dans ses bras pour mieux le sentir. J'enfouis mon visage dans son torse et réalise enfin que je peux sentir son odeur. Après une semaine, je viens à peine de m'en rendre compte. Mon inconscient est vraiment particulier, pour savoir reproduire son odeur aussi bien.

- Pourquoi es-tu convaincu que je suis une hallucination?

Je reste enfoui dans son odeur et évite de répondre. Je sais qu'il est sérieux, pour une fois, et qu'il veut une réponse, mais moi aussi je sais la jouer taquin et l'éviter. Il insiste :

- Alex, pourquoi tu ne veux pas que je sois un fantôme?

Son ton se fait désespéré. Pourtant, je ne dis rien, ne bouge pas d'un poil. Je n'ai aucune réponse à lui donner, quand bien même je le voudrais. La possibilité qu'il puisse être un fantôme m'effraie : peut-être parce que ce serait alors avouer qu'il existe encore. Peut-être aussi parce que ce serait donner libre cours à la folie, accepter quelque chose d'impossible.

Dans ses bras, je pleure à chaudes larmes, jusqu'à en oublier qu'il n'est pas vraiment là.

~xxx~

Sarah me regarde, de ses yeux bruns inquisiteurs. Elle ne m'a pas encore posé de question, mais son seul regard en est pratiquement une. Elle va me demander, d'une seconde à l'autre, si je vais bien.

- Alex... est-ce que ça va bien?

Je secoue la tête, pas surpris du tout.

- Qu'est-ce que tu veux que je réponde à ça?

Ma meilleure amie est très gentille, mais parfois je trouve qu'elle se mêle un peu trop de mes affaires. Elle est la seule à savoir les sentiments que j'éprouve pour Nathan, mais c'est parce qu'elle m'a confronté sur le sujet. Elle l'avait deviné et m'a demandé la confirmation. Elle m'a aussi dit que je devrais faire quelque chose, lui déclarer mon amour. Maintenant, je me dis que j'aurais dû l'écouter; avant, je la trouvais juste assommante.

- Je ne sais pas, Alex, c'est à toi de me le dire.

Voilà ses répliques de psychologue! Son domaine d'étude déteint sur ses relations sociales.

- Sarah, écoute, je ne veux pas en parler. Je ne suis pas un patient, je suis ton meilleur ami, et pour l'instant j'ai juste envie de regarder un film avec toi, okay?

Elle secoue la tête et soupire un peu. Elle laisse tomber en me disant :

- C'est bon. Si tu as besoin d'aide, je suis là.

J'évite de lui donner une réponse acerbe et me contente de hocher la tête. Elle se lève de son divan et fouille dans sa bibliothèque, à la recherche d'un film. Elle jette son dévolu sur un DVD qu'elle me montre, un sourire triomphant sur le visage. Monty Python and the Holy Grail. C'est parfait, j'avais justement envie d'une comédie.

Elle le met dans le lecteur et s'installe à mes côtés. Tout du long, nous nous donnons la réplique, sur ce film que nous connaissons tous les deux par cœur. Ce que j'aime le plus de Sarah, c'est que comme elle est une homosexuelle pure et complètement affirmée - contrairement à moi –, il n'y a absolument aucune gêne entre nous, ni aucune possibilité d'amour, d'un côté comme de l'autre. C'est une vraie amitié comme on en voit rarement qui nous lie.

Je jette sans le vouloir un regard derrière moi, où mon Nathan dit toutes les répliques en même temps que nous. C'était le film que nous regardions ensemble, quand on était souls, trop fatigués, ou qu'on voulait simplement se détendre. Je me souviens qu'on s'échangeait la réplique comme je le fais avec Sarah en ce moment.

Les larmes me viennent aux yeux et je suis impuissant à les arrêter. Mon amie fait pause et me lance sur un ton inquiet :

- Tu ne vas pas bien du tout! Pourquoi tu ne veux pas me parler?

- Merde, que j'explose parmi mes larmes, qu'est-ce que tu veux que je te dise? Que Nathan me manque tellement que je l'imagine? Que je le vois là, à dire les mêmes foutues répliques que nous? Tu veux que je te dise comment je l'imagine me dire qu'il m'aime, comment je m'imagine encore son putain de sourire, ou comment je m'imagine encore son odeur?

J'enfouis mon visage dans mes mains et continue de pleurer. Bientôt je sens la main de Sarah sur mon épaule. Je relève le regard et je la vois me dire :

- C'est exactement ce qu'il faut faire, Alex. Parle-moi de ta tristesse, ne la garde pas en dedans de toi. Ça fait déjà deux semaines que Nathan est mort et tu n'en as parlé avec personne encore.

Je décide de me caler dans le divan et, sans regarder Sarah, je lui raconte :

- C'était qu'un sale con. Il a traversé sur la rouge tout en sachant que c'était dangereux. C'était un con, mais je l'aimais. Je l'aime tellement, je regrette de ne pas lui avoir dit. Voilà, plus que tout, j'ai du regret. C'est peut-être salaud de ma part, mais je pense que j'aurais mieux pris sa mort si j'avais su lui dire.

Je vois Nathan, il s'est mis dans mon champ de vision. Je n'arrive pas à cerner son expression. Il faut dire que j'ai la vue embrouillée, ça n'aide pas. Je ferme les yeux pour ne plus le voir, mais j'ai encore son visage dans ma tête. Tout a toujours tourné autour de lui dans ma vie. Absolument tout.

~xxx~

J'ai un couteau dans mes mains. Je le regarde, le tourne et le retourne. Mes yeux sont secs. Mes joues aussi.

Nathan est là, même s'il n'est pas vraiment là. Il panique, essaie de m'empêcher de me le planter en plein cœur. J'en ris presque de le voir tenter de me convaincre. Il ne m'aura pas.

- Alex, attends! Je voulais te montrer quelque chose!

Je relève la tête, intrigué malgré moi.

- Mes cahiers de cours. Ils sont dans le premier tiroir de mon bureau, dans ma chambre. J'aimerais que tu les regardes.

Je le fixe, incrédule. Pourquoi ses cahiers de cours? Qu'est-ce qu'il pense que je vais trouver? Pourtant, je décide de délaisser mon couteau et je me lève. Après tout, bien franchement, mon suicide peut attendre cinq minutes.

Je vais dans sa chambre, ouvre le tiroir en question. J'y trouve plusieurs cahiers. Intrigué, je prends le premier et l'ouvre. C'est un simple cahier de notes, mais en marge de certaines pages, il y a des réflexions écrites. Je me souviens comment je faisais la même chose, et comment ces réflexions concernaient presque toujours Nathan.

Je les survole et m'arrête quand je vois mon nom : Alex est vraiment con. Je souris, à la fois offusqué et étrangement nostalgique. Je tourne les pages et tombent sur une autre phrase où il y a mon nom : Alex est vraiment, mais vraiment trop con. Cette fois je suis fâché pour de vrai. Dans la tombe, tout ce qu'il trouve à me dire, c'est que je suis con?

Je tourne les pages et cette fois, j'en reste complètement bouche bée. Une page complète est remplie de la même phrase, écrite avec différentes calligraphies. C'est toujours, toujours les mêmes mots : J'aime Alex!

Des larmes coulent sur mes joues et mes mains tremblent, jusqu'à ce que je ne puisse plus retenir le cahier qui tombe par terre. Nathan m'aimait. Il m'aimait et ne m'a rien dit. Il a crevé sans oser me le dire!

Je sens mon hallucination qui arrive dans mon dos et me sert dans ses bras. Il me murmure à l'oreille :

- Et là, tu me crois, quand je te dis que je suis un fantôme?

Je tremble de la tête aux pieds et n'arrive pas à formuler une réponse. Il me sert un peu plus fermement et je ferme les yeux. Je n'arrive plus à réfléchir correctement. Mon inconscient ne savait rien de tout cela. Rien du tout. Il ne peut donc plus s'agir d'une simple hallucination. Et Nathan m'aimait. M'aime.

Je me retourne dans ses bras et plonge mon regard dans ses yeux. Je vois de l'hésitation et je me demande un moment s'il s'agit bien de mon Nathan. Il me sourit enfin et reprend son assurance :

- Dis-moi que tu sais que je suis un fantôme, maintenant!

Je décide plutôt de lui poser la question qui me brule les lèvres :

- Pourquoi tu ne m'en as pas parlé avant?

- Que je t'aimais? Qu'il fait en penchant la tête sur le côté, en signe d'incompréhension.

Ce que je le trouve mignon quand il fait ça!

- Non, que tu avais écrit ça dans tes cahiers. Si tu voulais me prouver que tu étais un fantôme, pourquoi attendre trois semaines avant de le faire?

Il baisse le regard, un peu honteux et un peu embarrassé. Il me dit enfin, du bout des lèvres :

- Parce que j'avais honte...

Je souris à pleine dent et rajoute, sur un ton taquin :

- Pourquoi me le dire aujourd'hui alors?

- Parce que tu allais te suicider, qu'il marmonne.

Mon sourire se défait et je laisse ma tête retomber dans son cou. Je poursuis dans un murmure :

- N'empêche, je ne peux pas croire que tu sois réellement un fantôme.

- Pourquoi? Qu'il me fait sur un ton plaintif. Je t'ai convaincu, non?

Je souris encore et lui réponds :

- Ça me semble malgré tout impossible.

- Alex, qu'il me murmure, je sais bien que tu ne crois pas aux fantômes et moi non plus. Mais voilà, j'en suis réellement un, tu as la preuve maintenant.

- Nat, depuis quand tu es aussi honnête?

Je l'entends ricaner légèrement et c'est sur le même ton espiègle que je lui connais qu'il me lance :

- Je suis toujours honnête!

Je m'éloigne légèrement de lui pour le pousser sur le lit et je m'étends à ses côtés. La discussion s'annonce longue, alors aussi bien s'installer confortablement. Je le fixe dans les yeux et passe ma main sur sa joue. Je la sens se contracter en un sourire. Je lui demande, sur le ton de la confidence :

- Pourquoi tu ne m'as jamais dit que tu m'aimais?

- Je te l'ai dit, qu'il me fait en roulant des yeux, c'est parce que j'hésitais.

- Pourquoi? Tu es toujours confiant d'habitude, non?

Il évite un peu mon regard et décide enfin de me confier :

- Je m'en suis rendu compte quand tu sortais avec une fille, la première. J'étais jaloux et c'est là que j'ai remarqué que je t'aimais.

- Ça veut dire que tu m'aimes depuis qu'on a treize ans?

- Je t'aimais avant, je ne l'avais simplement pas remarqué.

Je suis on ne peut plus surpris. Pendant tout ce temps, nous étions chacun convaincus que l'autre ne nous aimait pas?

- On fait une belle paire de bras cassés, n'est-ce pas? Que je m'exclame avec un soupir.

- Je te l'ai déjà dit, Alex : tu es con.

Je me fâche et le frappe dans le ventre, ce à quoi il se contente de rire. Je lui demande sans y réfléchir au préalable :

- Est-ce que tu peux avoir mal?

- Ah, qu'il me fait avec son habituel sourire, peut-être que oui, peut-être que non.

Le voilà complètement lui-même. Je pars à rire malgré moi et il me suit dans mes éclats. Pourtant, au travers de mes rires, des larmes commencent à couler. J'ai encore du mal à croire que ce soit réellement un fantôme. Ça veut dire qu'il n'est pas tout à fait mort, ou du moins, qu'il existe encore. Je ne sais pas pourquoi j'en avais peur. Je me sens soulagé maintenant.

- Chut, ne pleure pas, qu'il me fait en essuyant mes joues.

Je ris légèrement sans arrêter de pleurer et lui répond :

- Je ne suis pas triste. Juste... soulagé. De savoir que tu existes encore.

Il ne dit rien et se contente de sourire.

- Qu'est-ce que tu dis qu'on rattrape le temps perdu?

Je vois ses yeux briller face à ma suggestion et il les ferme bien rapidement, dans le but de m'embrasser. Je baisse aussi mes paupières et pose mes lèvres sur les siennes. C'est très loin d'être mon premier baiser, même avec lui, mais il faut avouer une chose : c'est vachement bien. Mieux que ce que je n’ai jamais imaginé.

La nuit passe plus rapidement que jamais. Nous restons enlacés, dans le chaud de son lit – pas le mien, pour une fois, même si c'est quand même le lit le plus proche pour le moment.
Kafka Tamura
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Hito Rabu

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