Les ragots d'Ikebukuro
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Les OS du Kafka

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Message par Kafka Tamura Mer 3 Oct 2012 - 22:34

Voici la page où je vais publier mes OS! Sachez que je les publie d'abord et avant tout sur FictionPress, mais je veux bien les mettre ici, ne serait-ce que pour avoir d'autres commentaires... ^^' J'écris d'abord du yaoi, mais comme vous allez le voir, en originaux, je fais d'un peu de tout (juste, si ce n'est pas carrément de l'angst, ça reste en général assez sombre, petite prévention!).

Le sommaire:

1- Ma pluie (yaoi/angst; rating T)
2- La meilleure méthode (humour noir/drame; rating M)

Pour les commentaires, c'est ici!


Dernière édition par Kafka Tamura le Mer 3 Oct 2012 - 22:53, édité 2 fois
Kafka Tamura
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Message par Kafka Tamura Mer 3 Oct 2012 - 22:42

Titre: Ma pluie
Genre: Angst, plus ou moins romance incestueuse
Rating: T pour de légères allusions
Personnages: Ils n'ont pas de noms ^^'
Disclaimer: Tous mes personnages, mon histoire et mes mots m'appartiennent (ah, ce que j'aime pouvoir le préciser! ^^)
Note: Mon premier original publié! Je l'ai envoyé à un concours, sans le gagner, du coup, le voici le voilà! Dommage de publier un petit rejet, mais il a droit à son amour lui aussi, non? Enfin, sans plus tarder, voici mon texte! Si vous avez une opinion sur le sujet, je serais ravie de l'entendre! ^^

La pluie. Quand on y pense, il ne s'agit que d'eau qui tombe d'un nuage. Les gouttes qui coulent le long de mes joues viennent de l'océan. Elles ont ce gout salé, ce même gout que je n'ai jamais expérimenté encore. Je souris; je l'imagine me dire, les yeux brillants d'exaltation, que la mer vient nous visiter. Je l'imagine danser devant moi, ouvrir la bouche pour gouter ces résidus de mer. J'imagine ses vêtements trempés, qui me laisseraient deviner tout un monde à découvrir. Je l'imagine me regarder sans savoir, plonger son regard dans le mien sans comprendre. J'imagine son sourire insouciant, sa petite voix, tremblante, qui me dirait enfin: «Il fait froid. Rentrons, grand frère!».

Le ciel est gris, la pluie est forte. Il y a de cela longtemps que je suis trempé jusqu'aux os. Je ne fais pas l'ombre d'un mouvement. Les yeux levés vers le ciel, je fixe les nuages sombres. Sky is the limit. Il voulait toucher ces nuages de sa main, les caresser du regard, poser ses beaux yeux noisette sur l'infini de l'horizon. Il voulait dépasser ce ciel, un jour, se retrouver au-dessus des nuages, là où il ne pleut jamais, dans l'espoir de voir enfin le soleil.

Je me rappelle sa naissance comme si c'était hier. Il pleuvait. La pluie a constamment fait partie de sa vie. Il a crié, comme n'importe quel enfant sain, et, à l'époque, je me demandais : Pourquoi pleure-t-il aussi fort? Est-ce qu'il a mal? Je ne pouvais pas comprendre que c'était le cri de la vie. Ma mère m'assurait que tout allait bien, que c'était normal, mais j'avais l'impression que mon petit frère souffrait, que son pauvre petit corps, si petit, devait soutenir une douleur plus grande que sa propre superficie. Ce cri qu'il lançait comme un appel à l'aide, je l'ai entendu, et je l'ai compris.

Il a grandi comme un enfant normal. Tout semblait sain en lui, de sa manière de gazouiller à sa bouche qui tétait comme s'il n'y avait pas de lendemain, en passant par ses couches qu'il remplissait régulièrement. Tout semblait normal, mais je savais. Je savais que rien n'était normal, que ce premier cri qu'il avait lancé était une alarme. Je savais qu'il ne fallait pas baisser la garde, que tout cela n'était qu'une surface et que sous celle-ci se cachait une souffrance intolérable.

Les années passaient, et il se portait de mieux en mieux. Plus il vieillissait, plus il semblait en parfaite santé. Son sourire naïf, ses yeux remplis d'innocence, ses petites mains qui touchaient à tout : il était le plus actif et le plus mignon des enfants que la terre n'ait jamais portés. Toujours à fouiner d'un côté, puis de l'autre, toujours à courir quand il en fut capable, toujours en train d'essayer de comprendre. Il n'a jamais dépassé le stade du «pourquoi». Il me demandait, le regard empreint de curiosité, pourquoi il pleuvait toujours à sa fête. Je lui répondais que la mer venait le visiter, qu'elle voulait lui souhaiter un joyeux anniversaire. Ses yeux, alors, se remplissaient d'étoiles, comme s'il venait d'obtenir la réponse au plus grand mystère de l'univers.

C'était réellement un enfant prodige. En plus d'être curieux, il était d'une intelligence peu commune. Dès son entrée à l'école, tous ses professeurs louangeaient son génie. Il était d'un charisme exemplaire, il communiquait bien avec les autres et avait le sens du leadership. Cependant, il n'avait qu'une idée en tête : toucher le soleil. Il étudiait les avions et les fusées avec un sérieux proche de l'obsession. Il voulait dépasser les nuages pour, un jour, avoir un anniversaire sans pluie. Les gens disaient qu'il s'agissait là d'une lubie. Certains allaient même jusqu'à prétendre que c'était son seul défaut. Personne n’a jamais compris pourquoi il était si passionné. Personne, sauf moi.

Dès son plus jeune âge, il résolvait tous les problèmes qu'on lui posait. Il était particulièrement doué en mathématiques. Je me souviens de ces équations qu'il élucidait sans problèmes, alors que je ne comprenais même pas ce qu'il effectuait. Quand je lui demandais comment il comprenait tout cela, il se contentait de sourire doucement et de m'assurer que ce n'était rien de compliqué. Tout était si limpide pour lui que plus rien ne l'impressionnait. Il était d'une naïveté déconcertante et, pourtant, rien ne le surprenait vraiment. Quiconque ne l'aurait pas bien connu aurait sans doute pensé qu'il était déjà désabusé par la vie. Ce n'était pas vrai : il n'attendait rien de la vie dès sa naissance. Sa seule obsession, c'était de comprendre sa propre existence, et il n'y avait qu'au-dessus des nuages qu'il pensait trouver sa réponse.

Il n'y avait que la pluie qui l'impressionnait. Il connaissait le nom de tous les nuages, savait ceux qui provoquaient de la pluie ou un orage. Il aimait aussi les éclairs. Je me souviens des moments qu'il passait devant la fenêtre, à fixer l'horizon dans l'attente de ces flashs lumineux qu'il aimait tant. Cependant, il préférait les petites pluies fines, qui duraient parfois des jours et des jours. Cette pluie, qui rendait quiconque maussade, le fascinait. Il fixait le ciel, regardait les gouttes si petites qu'elles en étaient pratiquement invisibles, et restait ébahi par ce spectacle pourtant banal.

Tous les jours de pluie, il sortait courir et danser. Il ne prenait que rarement un parapluie, il préférait de loin laisser l'eau l'imprégner. Dans ces moments-là, il semblait toucher à la vérité de son existence, il semblait à deux doigts de comprendre enfin le sens du cri qu'il avait lancé en naissant. Avec des vêtements qui lui collaient à la peau, il dansait, comme un fou, et, pris d'un soudain éclat de rire, il se laissait tomber dans la plus grande flaque d'eau qu'il pouvait trouver. Il s'y couchait et restait un moment sans bouger : il était dans le ventre de sa véritable mère. Puis il se relevait et courait encore, il sautait dans les flaques d'eau comme l'enfant qu'il était encore et qu'il a toujours été.

Je l'accompagnais souvent durant ces sorties. Je le regardais et tentais de cerner ce mystère qu'il représentait. Il me rendait mon regard avec des yeux vivaces. Sous cette pluie qu'il adorait et détestait tout à la fois, il me regardait et me murmurait des vérités que je n'ai jamais complètement saisies, des phrases qui n'avaient de sens que dans sa tête. Il me parlait souvent du ciel, des nuages. Il me racontait la longue saga de l'eau qui parvenait jusqu'à nous. Il me souriait et me disait que j'avais raison, que la mer venait nous rendre visite et que nous devions à notre tour l'accueillir. Il écartait les bras à ce moment-là et laissait la pluie tomber sur lui sans bouger. Je fixais sa silhouette, ému par la vision de son corps complètement à la merci de l'océan.

C'est seulement dans ces instants où il se laissait emporter par l'eau qu'il me semblait enfin le comprendre réellement. Cette impression, si légère, diffuse, me prenait et s'envolait dès qu'il ouvrait les yeux pour m'appeler de sa jolie voix. Je retombais dans le monde réel, où tout était peut-être plus maussade, mais où il m'appelait véritablement, et nous rentrions à la maison, sous le seul parapluie que j'amenais toujours. Nous restions silencieux, sans nous regarder, à marcher tout en sachant pertinemment que, si ce moment était terminé, un autre reviendrait prochainement. Sans nous l’avouer, tout en le sachant mieux que personne, nous attendions impatiemment ces petits bouts de paradis tachés par la pluie.

Il n'a surpris personne quand il a choisi de devenir pilote d'avion, mais il en a déçu plus d'un, à commencer par ses parents. Lui qui avait le potentiel de devenir médecin, avocat, mathématicien, choisissait ce genre de métier? Il n'y avait que moi pour le comprendre. J'étais le seul à voir sa silhouette sous la pluie, ses yeux qui se perdaient dans l'immensité du ciel, sa main qui tendait vers le soleil comme s'il s'agissait de son seul salut.

J'étais déjà employé de bureau quand il a emménagé chez moi. L'endroit où il devait étudier pour devenir pilote était à deux pas de mon appartement, et mes parents m'avaient supplié de l'héberger pour éviter des frais supplémentaires. Ils n'auraient pas eu besoin de supplier : c'était plutôt moi qui l'aurais fait, s'ils m'en avaient laissé la possibilité.

Dès lors, tous les soirs, je le regardais faire ses devoirs. Il me montrait ses résultats exemplaires avec son sourire modeste, l'air de dire qu'il aurait dû faire moins d'erreurs. Je l'écoutais m'expliquer tout en détail et, même si je ne comprenais pas la moitié de ce qu'il m'expliquait, je gardais mon sérieux pour saisir l'essentiel. Il passait parfois des soirées entières à me parler du ciel qu'il allait bientôt explorer. J'écoutais sa voix, mais je regardais surtout sa bouche qui bougeait avec véhémence. J'aurais voulu la taire, pour gouter à cette passion qui le dévorait tout entier.

Ses yeux, tournés vers le ciel, ne me voyaient pas. Et moi, je ne voyais plus que lui. Plus je vivais à ses côtés et plus je sombrais dans mon obsession. Il était naïf au point de ne pas voir ce que je ressentais pour lui. Il ne voyait jamais la passion des autres, il ne comprenait pas l'amour, ni la haine. Il ne ressentait d'amour que pour la pluie; il ne ressentait de haine que pour la pluie. Je l'ai toujours su, le ciel et ses nuages étaient ses seules passions, tout comme je n'ai jamais su voir personne d'autre que lui.

Il était ma pluie. Je l'adorais et le détestais tout à la fois. J'étais prêt à l'accepter de tout mon être, mais j'avais comme seul but dans la vie de le dépasser un jour. Je voulais voir le soleil, moi aussi, je voulais gouter à cette pureté qu'il possédait. Ni lui ni moi ne sommes parvenus à notre objectif. Il n'a jamais atteint le soleil, par ma faute. Je l'ai ramené sur terre, brutalement et violemment. Sa pureté, je l'ai souillée, je l'ai salie. Il a crié aussi fort qu'à sa naissance, il a souffert bien plus que ce que son imagination pouvait concevoir, par ma faute.

Il est parti. Il est sorti alors qu'il pleuvait. Il a couru, aussi loin que ses jambes le lui permettaient. Il ne riait plus, il ne dansait plus, il courait, à en perdre haleine. Je l'imagine courir plus loin, encore plus loin, s'enfuir du monstre qui l'avait souillé à jamais. Je l'imagine me dire, les yeux vides, je l'imagine me dire, la voix tremblante, je l'imagine me dire, les poings serrés, je l'imagine me dire tout doucement qu'il déteste la pluie, que la mer ne vient pas le visiter mais le condamner, que les gouttes qui tombent ont enfin le gout de l'océan, celui de la tristesse, je l'imagine me dire tout doucement, comme dans un rêve, je l'imagine se coucher sur le sol, sous la pluie battante, je l'imagine me dire, si doucement que je ne l'entends pas, je l'imagine me dire tout doucement une vérité qu'il serait le seul à cerner, une phrase qui n'aurait de sens que dans sa tête.

La pluie tombe toujours. Je prends son corps frêle dans mes bras. J'écarte une mèche de cheveux de ses yeux. Il me regarde. Il n'a pas peur. Il me sourit, doucement, et me dit qu'il le savait, qu'il savait tout, et qu'il se croyait prêt à l'accepter. Il lisait en moi comme dans un livre ouvert. Il me murmure qu'il savait tout, qu'il se doutait qu'il n'atteindrait jamais le soleil, et que ses anniversaires seraient toujours souillés par la pluie. Il avait tout compris, depuis toujours, avant même que je ne comprenne moi-même. Sa voix perd de plus en plus de force alors qu'il m'avoue qu'il aimait la pluie parce que je lui avais assuré qu'elle venait de la mer, parce que je lui avais dit qu'elle lui souhaitait un joyeux anniversaire. Il aimait le soleil parce que je le regardais toujours avec un sourire, il voulait y toucher pour comprendre ma propre joie, il voulait dépasser les nuages pour me le montrer.

La pluie goute la mer. Cette pluie qui longe mes joues a le gout de l'océan, celui que j'ai appris à détester de tout mon être. Sa main essuie mon visage, doucement; il s'excuse de ne pas avoir su m'accepter, de ne pas avoir su supporter sa douleur, de ne pas avoir su supporter la mienne. Ses lèvres s'étirent en un dernier sourire. Je le serre dans mes bras alors qu'il devient amorphe, pour ne pas faire face à la réalité, pas tout de suite, laissez-moi le temps de comprendre, le temps de saisir la vérité de son existence, laissez-moi le temps de saisir mon soleil avant que la pluie ne l'éclipse, laissez-moi toucher le soleil avant que les nuages ne me le cachent à jamais.

Je croyais qu'il était ma pluie. En fait, il était mon soleil.


Dernière édition par Kafka Tamura le Jeu 4 Oct 2012 - 14:50, édité 1 fois
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Message par Kafka Tamura Mer 3 Oct 2012 - 22:50

Titre: La meilleure méthode
Genre: Humour noir, drama
Rating: M pour thèmes sombres
Personnages: Ils n'ont encore pas de noms ^^'
Disclaimer: Tous mes personnages, mon histoire et mes mots m'appartiennent (ah, ce que j'aime pouvoir le préciser! ^^)
Note: Voilà le deuxième! Je dois le préciser, c'est un vieux texte (il a un an quand même), mais je l'ai retapé expressément pour vous! En espérant que vous aimerez! En passant, c'est pas du tout yaoi et c'est extrêmement sombre! Vous êtes donc prévenus... Bonne lecture!

Tout était fini depuis longtemps. Elle le savait pertinemment.
Il n'y a pas de solution; c'est pourquoi je saute.
Elle regardait la ville sous ses yeux. Sentait le vent froid dans ses cheveux détachés. Elle portait les mêmes vêtements qu'elle avait portés à ce moment-là, celui où tout avait changé. C'était également le même moment de la journée, celui où le coucher du soleil teinte le ciel d'un rouge orange. À un pas du gouffre, elle remarquait à quel point tout était si petit. Les automobiles, les piétons, tout ce que sa vie contenait était si minuscule vu d'aussi haut. Sa peine semblait se rétrécir à mesure que le vide l'attirait.
Fermant les yeux, elle laissa la gravité agir sur elle.

La seule chose qu'il vit, ce fut une ombre. Il pensa d'abord à un oiseau. Ne s'en souciant pas plus, il continua son chemin, pensant déjà à autre chose. Il était pressé : il avait rendez-vous avec un client dont il devait absolument recevoir l'accord pour un contrat. Le rythme qui jouait dans ses oreilles n'était pas pour le calmer. Il ne vit pas que l'ombre s'agrandissait au point de prendre forme humaine. Il ne se rendit pas compte qu'il marchait vers elle, jusqu'à la dépasser. Il ne leva jamais la tête, ne regarda pas une fois le ciel.
Il ne réalisa pas qu'elle tombait. N'entendit pas le bruit de la chute. Ne vit jamais le sang qui recouvrit le trottoir. Il continua son chemin, ne tournant pas une seule fois la tête derrière lui.

«Que dis-tu de sauter en bas d'un édifice? J'ai entendu dire que ce n'est pas douloureux. Il parait qu'on s'évanouit avant de rejoindre le sol. On n'a pas non plus le temps de regretter son acte. Et puis, on peut voir un beau paysage avant de mourir...»
«En même temps, ça laisse une grosse trace rouge sur le sol. Mais surtout, je ne veux pas que mon corps soit tout déformé!»

~xxx~

Il était assis sur un banc et fixait le rail de métro. Il tenait un journal dans ses mains, pour ne pas paraitre suspect. Il savait qu'il était surveillé. On observait le moindre de ses mouvements depuis un bon moment déjà. On voulait l'empêcher d'accomplir l'acte qu'il s'apprêtait à poser.
Cette fois-ci, je vais y arriver. Je dois y arriver.
Avec ses cheveux clairsemés, il paraissait avoir la quarantaine avancé, mais en fait, il n'avait même pas encore quarante ans. Les soucis qu'il avait accumulés l'avaient fait vieillir de plusieurs années en peu de temps.
Entendant le métro au loin, il se leva et approcha le rail. Sans un regard derrière lui, sans se soucier de ce que pourraient voir les autres, il fit un sprint au bon moment.
Les mêmes blessures se rouvrirent. D'autres se créèrent. Il avait réussi.

Elle était assise sur le banc. Elle avait des écouteurs sur les oreilles et un livre dans les mains. Elle était étudiante en littérature; en retard dans ses lectures, elle devait utiliser tout le temps qu'elle pouvait pour finir le roman qu'elle tenait dans ses mains avant le lendemain. Complètement dans son monde, elle ne remarqua pas le regard morne de l'homme assis à côté d'elle. Elle ne sentit pas non plus la détresse qui émanait de lui.
Elle n'entendit ni le métro arriver, ni l'homme se lever et courir. Elle n'aperçut pas le sang qui recouvrit la vitre du métro. À ce moment même où une vie venait de se terminer, elle éclata de rire à la lecture d'une blague pour le moins loufoque.

«Bon, alors, se faire écraser par un métro, qu'en dis-tu? Tout le monde te remarque, c'est certain. En plus, tu ralentis le service. Imagine tous ces gens troublés qui se disent qu'ils vont arriver en retard!»
«En même temps, il parait que c'est absolument douloureux, et qu'en plus, on a de fortes chances de ne pas réussir du premier coup.»

~xxx~

Assise sur son divan, elle regardait la télévision. Une émission de cuisine, dans laquelle on nous apprenait à faire cuire un poulet à la Jacqueline. L'animatrice, jolie, l'expression figée en un sourire plein de dents, expliquait qu'il fallait arroser souvent la viande pour qu'elle devienne plus tendre.
Si seulement j'étais aussi belle qu'elle!
Elle devait avoir la cinquantaine, pas plus. Elle n'était pas un canon de beauté et ne l'avait jamais été. En plus de sa taille pas assez fine et ses traits grossiers, l'âge n'avait en rien aidé sa cause. Les rides qui parsemaient son visage ne l'avaient rendue que plus amère.
Assise sur son divan, elle regardait l'écran, une bouteille de médicaments vide à la main. Son expression était aussi vide que celui de l'animatrice.

Il rentra chez lui, fatigué de sa longue journée. Il arrivait d'un souper avec des collègues, pendant lequel il avait un peu trop bu. On avait fêté le départ à la retraite de son patron, et tout le monde était plutôt content, puisqu'il avait toujours été un tyran. Lui-même était soulagé d'un poids; le stress qui s'était accumulé au cours des dernières années s'était relâché d'un seul coup.
Il vit la télévision ouverte dans le salon et entra dans la pièce. Il la regarda un moment, debout derrière le sofa. En passant, il caressa de la main la chevelure de sa femme assise, annonça à haute voix qu'il était rentré, puis alla dans la cuisine se servir un verre d'eau qu'il but d'un seul coup. Ensuite, il alla à la salle de bain et se brossa les dents. Il se rendit dans sa chambre, se déshabilla, ferma la lumière et se coucha. Il s'endormit presque immédiatement.
Il n'avait pas remarqué sa silhouette immobile, ni la bouteille vide. Il n'avait pas senti que le corps de son épouse était déjà froid.

«Et par empoisonnement, alors? C'est garanti sans douleur, si tu choisis la bonne dose! C'est simple, en plus, tu n'as qu'à prendre une bouteille de médicament et à la boire au complet. Il n'y a pas de sang non plus.»
«C'est trop compliqué de choisir la bonne dose, imagine que j'en prenne assez pour devenir un légume mais pas suffisamment pour mourir!»

~xxx~

Il marchait, portant bien attention à ses pas, par pure habitude. Tout ce qu'il avait accompli jusqu'à ce moment l'avait été par pur automatisme ou dicté par quelqu'un d'autre.
Ce sera le seul acte que j'aurai commis par moi-même.
Il continua d'avancer, ignorant la peur qui lui serrait le ventre. Il voulait causer quelque chose pour qu'on le remarque enfin, lui en tant que personne. Il venait de devenir adulte, c'était le moment idéal pour le faire. Son pied glissa sur le sol et il se retint de justesse. Ce n'était pas le moment d'être maladroit. Il devait se tenir droit, fier, et regarder droit devant lui.
Il ne fléchit pas lorsqu'il sentit la vibration. Quand des lumières l'assaillirent, il les regarda, se refusant de cligner des yeux. Il resta droit jusqu'à ce que la collision ait lieu.
La vibration s'évanouit dans le lointain, laissant derrière elle un chemin de fer teinté de rouge.

Il était au volant, regardant la route monotone défiler devant lui. Il n'exerçait décidément pas le plus palpitant des métiers, mais ça lui rapportait de l'argent et ça lui permettait de voyager. Il avait déjà eu le rêve de piloter un avion, mais il s'était bien vite ravisé quand il avait appris combien le programme était contingenté. Il s'était rabattu sur ce métier, peut-être moins excitant, mais beaucoup plus accessible.
Il connaissait cette route par cœur pour l'avoir suivie plusieurs fois, aussi ne portait-il plus attention à ce qui se présentait devant lui. D'ailleurs, il n'y avait aucune raison de s'inquiéter : il n'y avait que des champs à l'horizon. Les chances pour qu'un train rencontre un obstacle étaient minces, voire nulles, puisque le chemin était tracé à l'avance.
Il ne vit pas le visage du jeune homme. N'entendit pas le bruit qu'il fit en retombant. Ne sentit pas la légère vibration au moment où le train passait par-dessus.
Il n'avait jamais commis d'erreur de toute sa carrière.

«Alors, écrasé par un train? Tu es sûr de te faire remarquer! En plus, à la vitesse où ça passe, tu n'as pas vraiment le temps de réfléchir. Contrairement au métro, cette fois-ci, tu es certain d'y passer!»
«Mais je risquerais de faire dévier le train, non? Je ne veux pas causer la mort de gens innocents!»

~xxx~

Elle s'assit dans la neige, contemplant le beau paysage qui s'offrait devant ses yeux.
Ma vie n'en vaut plus la peine sans lui.
Elle ne sentait plus le froid depuis longtemps. Son souffle ralentissait. Ses mains dénudées avaient depuis longtemps perdu leur couleur originale. Elle n'en pouvait plus d'être en vie alors qu'il ne l'était plus. C'était la chair de sa chair, il n'était pas juste qu'elle soit encore là si lui ne l'était plus. Ça avait été le seul homme qu'elle avait jamais aimé. Elle n'était pas amoureuse de son mari; elle s'était mariée pour avoir un enfant comme celui-ci. C'était injuste qu'un accident anodin lui enlève la seule chose chère à ses yeux.
Elle ne ressentait plus la douleur. Les yeux clos, elle se coucha et, pour la première fois depuis longtemps, s'endormit paisiblement.

Des raquettes à crampons aux pieds, plusieurs randonneurs avançaient dans cette neige profonde. Un de ces hommes musclés et rapides, un jeune d'une vingtaine d'années, décida de bifurquer et de passer entre les arbres, question de voir plus de paysage. Il avait toujours été intrépide et il prenait souvent des risques sans réfléchir aux conséquences. Aussi ne songea-t-il pas à prévenir ses amis qu'il sortait hors du chemin, se disant qu'il les retrouverait plus tard de toute façon.
Il marcha, le souffle court, pendant plusieurs minutes. Il trouva enfin un lac magnifique, complètement gelé. Il s'en approcha, subjugué par la beauté du lieu devant lui. Il était si impressionné qu'il ne portait pas attention au sol à ses pieds. Il ne sentit pas la différence de texture, n'entendit pas la nuance dans le bruit de ses pas. Il continua son chemin.
Bientôt le rouge sous ses raquettes s'effaça, laissant des traces dans la neige.

«Bon, alors... mourir de froid, tiens? Il parait que ce n'est pas douloureux du tout, que tu t'endors tout simplement. Comme mort sereine, il n'y a pas mieux! En plus, tu pourrais choisir un bel endroit, ce serait tellement poétique!»
«Mais j'ai horreur du froid, ça me fait renifler sans arrêts! Un cadavre avec de la morve en-dessous du nez, c'est tout sauf poétique!»

~xxx~

Du haut de son tabouret, il contempla la chambre où il avait vécu depuis plusieurs années.
Ma vie n'en vaut plus la peine. J'ai échoué.
Tout était prêt. Il attendait le moment fatidique, celui où il serait enfin d'attaque. Étonnamment, il ne se sentait pas nerveux, ni même inquiet. Simplement affreusement déçu. Sa vie avait pris une tout autre tournure que celle qu'il s'était imaginée. Tout était allé de travers. Lui qui avait entrepris des études universitaires dans le but de connaitre enfin la gloire, on l'avait recalé et fait de lui un raté.
Le tabouret se renversa sur le côté dans un bruit sec. Au bout d'un moment, la pièce redevint calme.

Il rentrait de l'université, son sac sur le dos. Il avait eu une journée particulièrement éreintante. Avec deux cours magistraux de quatre longues heures chacun et des travaux à faire le reste du temps, il avait à peine eu le temps de manger. Il pensait aller directement se coucher.
Lorsqu'il passa devant la porte de la chambre de son meilleur ami, il s'arrêta. Depuis un certain temps, celui-ci paraissait plutôt déprimé. Il songea un instant à frapper et à lui demander ce qu'il se passait dans sa vie, s'il avait eu une déception amoureuse ou quelque chose de ce genre, mais finalement, il renonça, ne se sentant pas d'attaque pour le réconforter. Il décida de revenir le lendemain matin. Après une bonne discussion, tout s'arrangerait certainement.
C'est ainsi qu'il se coucha, en songeant au bienêtre de son ami.

«Tu pourrais toujours te pendre! C'est cliché, mais c'est prouvé. Tu as proche de 100% de chances de mourir! Peu importe si tu changes d'idée, tu ne peux pas revenir en arrière. Imagine un peu la surprise de la personne qui va te découvrir!»
«Il parait que le visage du cadavre est tout boursoufflé et bleui. Plusieurs personnes qui ont découvert des pendus ont été traumatisées toute leur vie par leur laideur immonde. Je veux que mon cadavre reste présentable!»

~xxx~

L'air marin emplit ses narines. Du bord de la falaise, elle regardait les vagues, les yeux emplis de larmes. Elle aimait la mer depuis qu'elle était toute petite.
C'est le lieu idéal. Je ne souffrirai plus.
Elle portait une robe blanche qui ressemblait à une robe de mariée. Elle lui avait été léguée par sa mère et c'était la seule chose qu'il lui restait d'elle, la seule chose qui leur avait procuré du bonheur à toutes les deux.
Elle s'approcha dangereusement du gouffre, réfléchissant à tout ce qui l'avait mené jusque-là. Elle était condamnée, dès la naissance, à venir dans ce lieu. Elle le savait. Tout était prévu. Cet endroit abritait son premier souvenir, celui qui avait scellé son avenir. Il était normal qu'il fût également le récipient de ses derniers instants.
Ses jambes, faiblissant à la vue de ce vide, fléchirent.

À cinquante-cinq ans, il venait de prendre sa retraite et il réalisait son rêve : voyager en bateau. Tout petit déjà, il admirait ces grands voiliers qu'il apercevait au port tout en se promettant de s'en procurer un une fois adulte. Celui qu'il avait pu s'acheter était nettement moins impressionnant, mais il avait l'avantage de ne nécessiter qu'une personne à son bord. Il était solitaire et il savait que personne de toute sa vie ne l'avait apprécié, alors il souhaitait finir son existence sur les flots, seul avec lui-même.
Il longeait maintenant la côte, impressionné par la falaise qui s'étendait sur des kilomètres. Il fit toutefois bien attention à ne pas trop s'approcher des récifs qui l'auraient fait couler. Il entendit le bruit d'un objet qui tombe dans l'eau : c'était probablement un éboulement. Il s'éloigna promptement, sans toutefois détourner les yeux, pour s'assurer qu'aucune roche ne lui tombait dessus.
Une fois suffisamment éloigné, il admira le haut de la falaise, se demandant si on se suicidait souvent à cet endroit. Secoué d'un rire nerveux, il se dit que ce n'était surement pas le cas.

«Et te jeter en haut d'une falaise? Au soleil couchant, tu regardes les vagues en dessous de toi et tu ressasses ta peine. Niveau poétique, c'est bien, non? Et puis, tu es sûr de mourir; il suffit que tu choisisses un endroit où il y a beaucoup de rochers, ou alors une eau profonde. Question douleur, je crois que c'est supportable, étant donné que ça ne dure que quelques instants.»
«Il y a de bonnes chances pour qu'on ne retrouve pas mon corps, non? Je ne veux pas laisser les autres dans le doute.»

~xxx~

Assis à son bureau, il scrutait l'objet dans ses mains. Derrière lui, une grande fenêtre donnait sur la ville mouvementée. Dehors, il faisait déjà nuit, bien que les lumières de la mégapole donnaient l'impression qu'il faisait encore jour.
J'ai tout calculé. Tout ira bien.
Il regardait sa montre frénétiquement, à chaque seconde qui passait. Il devait être sûr de le faire au bon moment, sinon toute sa planification n'aurait servi à rien. Il se tourna sur sa chaise, posa ses yeux banalement bruns sur les gens qui se pressaient dans la rue pour assister à l'évènement à venir. Il songea que les années précédentes, il aurait fait partie de cette foule. Aujourd'hui, il les regardait avec une drôle d'expression, mêlée de nostalgie, de tristesse et de colère. Si seulement il n'avait pas fait le mauvais choix!
Consultant sa montre à nouveau, il se retourna face à son bureau, posa la pointe de l'objet sur sa tempe et, le regard rivé sur son poignet, pressa la détente.

Il était bientôt minuit, les feux d'artifice commenceraient d'une minute à l'autre. Le jeune couple était assis sur un divan face à une fenêtre de laquelle ils avaient une vue imprenable. L'homme dans la vingtaine avait invité la femme qu'il aimait à venir passer la soirée et la nuit. Ils se fréquentaient depuis un mois et il comptait bien utiliser l'occasion pour amener leur relation à un autre niveau.
Le premier feu explosa dans le ciel, suivi de près par la détonation caractéristique. Ce dont ils ne se rendirent pas compte, trop occupés qu'ils étaient à regarder le ciel et à se rapprocher subtilement l'un de l'autre, c'est que la détonation avait retenti quelques secondes trop tôt.

«D'une balle dans la tête? C'est instantané, efficace, et ça fait du bruit! On va s'inquiéter, appeler la police, il va y avoir un gros remue-ménage, tu vas même pouvoir passer aux nouvelles!»
«Mais il faudrait que je trouve un révolver, je n'en ai pas...»

~xxx~

Installée dans son bain, elle regardait son corps, celui qui l'avait tant fait souffrir.
Je vais enfin m'en débarrasser!
Elle frôla du bout de ses doigts toutes les parties de son corps bleuies et douloureuses. Elle souffrait à cause de son enveloppe charnelle depuis trop longtemps déjà. Elle aurait aimé naitre laide, ou à tout le moins normale. Elle n'avait jamais voulu de cette beauté à laquelle la plupart des hommes ne pouvaient résister.
Elle se leva de son bain, essuya ses mains. Elle prit le séchoir à cheveux, installa la prise dans le mur. Sans lâcher prise, elle s'installa à nouveau dans son bain.

Un homme, couché dans le lit de sa propre fille, complètement nu, fumait une cigarette et exhalait doucement. Depuis que sa femme l'avait quitté, il n'avait su que faire de lui-même. Elle avait été toute sa vie. Il l'aimait tellement, et pourtant, elle l'avait abandonné. Il ne s'en était jamais complètement remis.
Quand il voyait sa fille, si semblable à elle, il était pris d'un tel désir qu'à un certain moment il n'avait plus su comment le réfréner. Sans même s'en rendre compte, il avait recommencé, encore et encore, chaque soir, à se faufiler dans son lit.
Il commença à s'inquiéter. Elle lui avait dit qu'elle prenait un bain, mais il lui semblait qu'elle y était depuis trop longtemps déjà. Il s'approcha de la porte à pas de loup; il voulait juste vérifier que tout allait bien. Il ouvrit légèrement la porte, s'assura qu'elle était bien dans le bain avant de s'en retourner. Elle prenait son temps, voilà tout.
Il retourna dans sa propre chambre, où il remarqua qu'un orage battait son plein à l'extérieur. Il entendit le tonnerre gronder, si fort qu'il en sursauta. Le bruit lui avait semblé si proche. Il se tint un moment devant sa fenêtre et calcula le temps qui séparait les éclairs de leurs détonations. Il put compter jusqu'à cinq, ce qui le rassura. D'ailleurs, les autres explosions lui semblaient plus lointaines.

«Tu pourrais t'électrocuter dans ton bain! C'est classe, non? En plus, c'est super simple, tu n'as qu'à brancher ton séchoir et à le mettre dans l'eau! J'ai entendu dire que tu es certain d'y passer, si tu utilises cette méthode-là! En plus, le choc électrique est si bruyant que tu ne passeras pas inaperçu.»
«Mais mourir complètement nu, c'est gênant...»

~xxx~

Il serra la lame si fortement dans sa main qu'il commença à saigner. Cependant, c'était le cadet de ses soucis.
Elle n'a pas voulu de moi. C'est tout ce qui me reste à faire.
Il balaya la pièce de ses yeux embués de larmes. Ce serait la dernière fois qu'il verrait sa chambre. Il y avait encore des vestiges d'une époque qui lui semblait lointaine, un moment de sa vie où il avait été heureux. Quelques jouets jonchaient le sol, plusieurs images de dinosaures occupaient les murs. Il se dit avec nostalgie qu'il n'y a pas si longtemps, ce peu de choses faisait son bonheur.
Il se rappela l'odeur de sa chevelure, la douceur de son sourire, l'air narquois de ses yeux. Il la connaissait depuis l'enfance. Du plus lointain de ses souvenirs, il la voyait, elle et son éternel sourire. Elle avait changé dernièrement, s'était distanciée de lui. Il s'était aperçu avec horreur qu'elle ne voulait plus être son amie.
Un sourire sur les lèvres, des larmes le long des joues, il commença à se couper les veines.

Sur le pas de la porte, elle hésitait à sonner. Elle avait été distante avec son meilleur ami dernièrement, et après l'avoir réalisé, elle était venue pour s'excuser et l'inviter à venir chez elle. Par contre, elle se rendait compte que c'était bien plus difficile qu'elle l'aurait cru.
Elle ne s'était pas distanciée de lui parce qu'elle ne voulait plus être son amie. Elle l'avait fait parce qu'à chaque fois qu'elle le voyait, son cœur battait la chamade et son souffle se faisait court. Elle avait aussi cette drôle de sensation qui lui tenaillait le ventre. Après en avoir parlé avec ses amies, elle avait conclu qu'elle était amoureuse.
Sachant cela, c'était encore plus difficile pour elle de l'approcher en premier. Elle ne voulait toutefois pas le perdre, alors elle se devait d'agir. Prenant son courage à deux mains, elle sonna. Elle attendit un long moment, mais puisqu'on ne répondait pas, elle se dit qu'il ne devait pas être à la maison. Après tout, la voiture n'était pas dans l'entrée : la famille devait être partie en sortie. Elle s'en retourna et se dit que le soir même, elle l'appellerait.

«Ah, je sais, le classique : se couper les veines! Tout ce sang qui coule, qui tache tout, c'est d'une beauté! Tu n'es pas d'accord?»
«Tu as déjà entendu ces histoires où quelqu'un a essayé et n'a pas réussi à se vider de son sang avant d'être découvert? Non, les chances de réussite sont trop minces et ça prend trop de temps pour mourir. Je ne veux pas avoir le temps de réfléchir!»

~xxx~

suicide_is_cool1991 est maintenant en ligne.

Dark_night123 : Ah, salut, suicide_is_cool!

suicide_is_cool1991 : Salut! Ça va?

Dark_night123 : Non et toi?

suicide_is_cool1991 : Non, évidemment! Dis, dans toutes les méthodes de suicide que je t'ai énuméré, est-ce qu'il y en a au moins une qui t'a plu?

Dark_night123 : Bof...

suicide_is_cool1991 : Dis donc, j'ai l'impression que tu ne veux pas vraiment le faire, est-ce que ça se pourrait?

Dark_night123 : Mais qu'est-ce que tu racontes, voyons! Bien sûr que je veux! Je ne peux pas continuer ma vie comme ça! Tu ne m'as juste pas donné la bonne idée!

suicide_is_cool1991 : Je ne sais plus quoi te proposer! Peu importe la méthode, non? L'important, c'est le résultat! Tu veux mourir, pourquoi te préoccuper autant de la façon?

Dark_night123 : Parce que je veux qu'on le remarque. Je ne veux surtout pas passer inaperçu...

suicide_is_cool1991 : Il n'y a aucune chance! Un suicide, ça se remarque, c'est sûr! Peu importe la méthode!

Dark_night123 : Tu as surement raison...

suicide_is_cool1991 : J'ai toujours raison!

Dark_night123 : Mais dis-moi, pourquoi tu ne l'as pas encore fait, toi? Tu es là, à me faire la morale, mais tu ne veux pas toi non plus, pas vrai?

suicide_is_cool1991 : Ce n'est pas ça! Je suis là pour guider les gens qui, comme toi, hésitent. Si tu ne m'avais pas rencontré, tu n'aurais pas eu l'idée, pas vrai?

Dark_night123 : Tu n'es pas conséquent. D'un côté, tu prônes le suicide, mais de l'autre, tu ne le fais pas toi-même.

suicide_is_cool1991 : Mais c'est ce que je te dis! Je me suiciderai moi-même lorsque j'y aurai poussé suffisamment de gens à mon goût.

Dark_night123 : Tu dis ça, mais au fond, tu ne le feras pas.

suicide_is_cool1991 : Ce n'est pas vrai! Tu veux la preuve? Tu veux que je le fasse là, devant toi?

Dark_night123 : Si tu le fais devant ta webcam, alors je te croirai. Tant et aussi longtemps que je n'en aurai pas la preuve, je te considèrerai comme un lâche.

suicide_is_cool1991 : D'accord. Reste en ligne, je reviens avec le nécessaire.

Dark_night123 : À plus!

suicide_is_cool1991 : Re-salut! Je ne t'ai pas trop fait attendre?

Dark_night123 : Non, c'est bon. Tu as pris quoi?

suicide_is_cool1991 : De la corde et un tabouret. Devine pourquoi?

Dark_night123 : Tu as décidé de te pendre? Vraiment? Tu sais que ton visage va être dégueulasse à voir!

suicide_is_cool1991 : Justement, je veux traumatiser celui qui va me trouver. Je ne suis pas aussi attentionné envers les autres que toi!

Dark_night123 : Lol! Est-ce que tu vas laisser une lettre?

suicide_is_cool1991: À quoi bon? Non, j'aime mieux laisser les autres dans le doute. Qu'ils se demandent pourquoi j'ai fait ça. Je me fous que ce soit un acte incompris, au contraire, je préfère qu'on ne me comprenne pas, ça fait plus classe.

Dark_night123 : Comme les poètes maudits?

suicide_is_cool1991 : Tout à fait! Je suis un génie incompris, c'est plus dramatique!

Dark_night123: Moi je ne veux pas que ce soit dramatique, j'aime mieux ne pas faire trop de remous... Il faut qu'on le remarque, quand même, mais je ne veux pas trop briser la vie des autres...

suicide_is_cool1991 : Tu es une personne discrète dans la vie, n'est-ce pas?

Dark_night123 : Et toi, tu dois être exubérant?

suicide_is_cool1991 : Lol! Tout à fait! Bref, je t'envoie la demande de webcam, maintenant que tout est prêt.

Dark_night123 : Parfait.

suicide_is_cool1991 : Est-ce que l'angle est bon? Tu vois bien?

Dark_night123 : Oui, c'est bon.

suicide_is_cool1991 : J'espère que de me voir live va t'inspirer.

Dark_night123 : Surement. Une dernière parole avant de passer à l'acte?

suicide_is_cool1991 : Adieu, monde cruel!

Dark_night123 : Lol! Je suis d'accord avec toi là-dessus!

Dark_night123 : Bravo! Tu as réussi!

Dark_night123 est maintenant hors ligne.
Kafka Tamura
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Hito Rabu

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